Démarche

À partir d’une démarche de cueillette en forêt et habitée par la question écologique, j’aborde la présence de l’humain en relation à son territoire à l’ère de l’anthropocène, de l’étalement urbain et des bouleversements climatiques. Avec une pratique qui s’intéresse au vivant; la botanique, la mycologie et la science, je créé des pièces sculpturales poétiques et organiques, parfois vivantes, qui témoignent de mes réflexions sur notre condition humaine, nos écosystèmes et les mutations qu’ils subissent.

Issue d’une région-ressource agricole, forestière et isolée, je m’intéresse aux phénomènes qui sont propres aux territoires sauvages ruraux; la fragmentation des habitats naturels, la gestion et la pression sur les ressources, la surabondance de monoculture, le développement de projets territoriaux. Mais je m’intéresse plus globalement aux cycles des processus naturels bien établis dans les milieux sauvages et à la résilience de cette nature face au contrôle exercé par l’homme. Comment les processus naturels peuvent-ils être un modèle de résilience face à l’inflexibilité des structures humaines ? L'envahissement d'une surface aride par un organisme vivant est un aspect récurent dans mon travail : il vient ponctuer l'espace de petites renaissances, où la mort laisse place à une nouvelle vie dans un cycle éternel de recommencement, en s’adaptant aux surfaces les plus arides et stériles.

En les mettant en lumière dans mes œuvres, je cherche à questionner notre rapport à la nature, souvent réduite à une vision mercantile, utilitaire ou esthétique, alors qu'il s'agit d'un réseau complexe d’interdépendances. Je travaille de manière expérimentale, en utilisant des matériaux organiques souvent imprévisibles, pour tisser des liens entre le monde et l’humain, illustrant cette relation complexe qui définit notre existence. Mes œuvres suggèrent un dialogue entre le vivant et l’artifice, un monde hypothétique qui se reconstruit après l’ère de la domination humaine, laissant place à la beauté du pissenlit qui trouve la faille dans la dalle de béton.

Biographie

Émilie B. Côté vit et travaille au Témiscamingue. Titulaire d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval, elle réalise plusieurs projets d’expositions et de résidences d’artistes au Québec et en Ontario, tels qu’à l’Écart, lieu d’art actuel de Rouyn-Noranda, au Centre VoArt de Val d’Or, au Centre d’exposition du Rift de Ville-Marie et à la Foire d’art alternatif de Sudbury. Boursière du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec, elle développe une approche où l’art et la science se côtoient. Ses œuvres font partie de la collection du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et du Musée d’art de Rouyn-Noranda.